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à travers terre / overland
10 septembre 2014

Mercredi 10 Septembre - envoutement

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Sous un soleil étincellant d'hiver, je pars aujourd'hui randonner dans une montagne à vaches, altitude de paturages que mes parents m'ont appris à aimer lors de mes vacances d'enfance. C'est un juste équilibre d'efforts sans inconfort !

Le sentier remonte le long du torrent bouillonnant qui a créé la faille, les parois abruptes, les éboulis et les grotttes excavées. C'est l'eau le maitre d'oeuvre et l'artiste inspiré de ces tableaux grandeur nature. Cela fait déjà plusieurs jours que je chemine en remontant le cours d'un ruisseau et j'aime ce compagnonage pour l'écoulement de mes pensées : une rivière tumultueuse qui s'écume sur les rochers, se tord sous une falaise, balaie vite tout ce qui tombe à elle; c'est le parfait partenaire pour chasser toute idée incertaine et tremblante, vite à l'eau et sans cesse un flot nouveau.

Après plus d'une heure de montée, seule depuis le village, le vallon s'ouvre sur un large paysage de prairies hautes, on les appelle jailoos ici. Le cadre est idyllique : foret de pins et de bouleaux, hauts pics enneigés et sur les grandes étendues d'herbe rase, un pointillé de yourtes blanches ou l'on s'affaire. C'est la fin de la saison, les grosses couvertures de feutre sont repliées dévoilant la structure en bois rouge. On met le feu aux derniers déchets, on fait descendre les vaches et les chevaux, la voiture est là déjà qui ramènera dans la vallée la yourte bien rangée jusqu'à la saison suivante. Au fait du toit, le cercle de bois croisé d'une double armature est le dernier élément démonté, c'est lui qui se remarque sur le drapeau national. Je continue à progresser jusqu'à la vallée des fleurs. Je n'ai pas vu de fleurs mais un lieu magique qui m'a presque envoutée. Par dela la rivière, un rayon de soleil insistant m'a invite à grimper entre les pins et à me reposer sur une large pierre. Puis une demie-heure étant passée en dehors du temps, en dehors de l'espace, l'esprit du lieu me rappelle à l'ordre, chasse le soleil qui me réchauffait, envoit une bete à l'odeur tenace près de moi et m'alerte trois fois par le choucas qu'il me faut partir. Je repars donc bien vite, retraverse le jailoo aux pierres dispersées et découvre subitement que je suis en train de traverser un ancien campement. Ici un espace dégagé pour dormir, là le piquet pour attacher la vache quand on la trait, plus loin l'atre, ici encore de grosses pierres pour se rassembler...De loin on ne distingue rien qu'un pré plein de cailloux mais la magie est bien là. Chaque arbre a une histoire à raconter et c'est sous l'un de ces grands pins que je découvre une source d'eau pure. Je m'y penche, goute un peu l'ondée et le petit cresson qui y pousse, puis je laisse tout à fait les génies du jailoo à leur repos hivernal. Je redescends dans les couvertures qu'un jeune couple nomade a entassé à l'arrière de son véhicule. Retour sur la terre ferme.

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