Mercredi 6 Août - Varna

Réalité du matin : la mer Noire n'est pas noire du tout, elle est blanche, étincellante face à moi dans le petit matin partagé avec un cycliste voyageur à la terrasse de la Villa del Mar. Pépito, français de Barcelonette voisin d'Isabelle, a un équipement de champion (remorque profilée comme une balise de planneur) et une expérience cycliste de longue haleine en Europe. Je pense à Julie, à nos départs matinaux en Turquie il y a quelques vies précédentes, et j'envie cet homme au départ silencieux et indépendant.
Moi-même je pars tôt de ce petit ilôt de tranquilité, j'ai une mission, une traque à travers Varna : trouver la façon de traverser la mer Noire. Personne à la guest-house n'a l'air au courant mais j'ai une piste au 26 de la ru Baba Rada, au nom doucement hindi qui me plaît bien !
Petite ruelle dans le centre au milieu des vacanciers fluo et des locaux plus sobres, amis au 26 ne correspond qu'un vieil immeuble sans indication. Je sonne tout de même, aucun des voisins n'ayant pu me renseigner, et suis toute surprise d'être invitée à monter au dernier étage dans l'appartement d'une petite famille bulgare. Le papa Krasimir qui ne parle pas un mot d'anglais a l'air d'être l'armateur et c'est avec l'aide de sa fille que je comprends la marche à suivre. Le rendez-vous sera donc au terminal des portes-containers dans 2 jours et pour une prix totalement au-delà de mon budget je pourrais rejoindre la Georgie par l'eau...Encore une fois les démarches sont un peu complexes et fastidieuses mais mon principe de ne pas prendre l'avion a son prix ! En effet, quel plaisir de découvrir depuis la terre les particularités de chaque pays, ses limites naturelles, ses atouts cachés comme cette superbe mer intérieure qu'aucun horizon ne trouble.
Les vacanciers bulgares profitent des joies de la plage, j'y flâne autour, observant des garçons bruns émerger près de la digue les mains pleines de moules. Et pas loin au nord, bordant cette même mer, des habitants sont tués, exilés, là tout proche en Ukraine. La guerre ne touche pas que des contrées lointaines.
De retour à la petite maison jaune tenue par une belle femme bulgare, j'ai la chance de rencontrer Felipa une voyageuse anglaise, aide sociale en prison, qui à la trentaine a décidé de changer de vie. Son projet en tête, monter une ferme bio et autonome, elle visite plusieurs lieux en Europe : Turquie, Grèce, France et maintenant la Bulgarie. Elle me parle de tous ces gens enthousiastes qui lui ont appris à prendre soin des chameaux, à traire des vaches ou à mettre au monde des lamas. Pip est un phénomène, une de ces rencontres riches qui contraste avec les jeunes touristes qui courent de capitale en capital, sûrs de leurs modes de vie. Je leur envie un instant leurs certitudes à la limite de l'arrogance puis entame mon temps de vacances dans l'attente de l'embarquement : j'écris, je rêve, je somnole, je lis...

Reality of the morning: the Black Sea is not black at all, it is white, dazzling face to me in the newborn morning shared with a cyclist traveller at the terrace of  Villa del Mar. Pepito, french from Barcelonette, is equiped like a champion (trailer contoured like a tag of airplane) and a long cyclist experience in Europe.I think of Julie, to our early morning departures in Turkey on previous lives, and I envy this man for his silence and independent departure. I'm leaving early from this small island of tranquility, I have a mission, a stalking through Varna: find the way to cross the Black Sea.Nobody in the guest-house is aware but I have a track at the 26 Baba Rada street, sound like Hindi which appeals to me! Small alley in the center 26 is only an old building without indication. I rings any of same, none of the neighbors could inform me, and am surprised to be invited to come at the last floor in the apartment of a small Bulgarian family.The papa Krasimir who does not speak a word of english looks like the shipowner and it is with the help of her daughter that I understand the steps to follow.The appointment will be at the terminal of the ship containers in 2 days and for a price totally beyond my budget I could join the Georgia by water ... once again the steps are a little complex and tedious but my principle not to take the plane has its price! In fact, what a pleasure to discover from the earth the particularities of each country, its natural limits, its hidden assets such as this beautiful inland sea disturbed by no horizon.The Bulgarian holidaymakers take advantage of the joys of the beach, i sauntered around, observing the boys brown emerging near the dike hands full of mussels. And not far to the north, bordering this same sea, the inhabitants are killed, exiled, just very close in Ukraine. The war does not touch always distant land.

On my return to the small yellow house held by a beautiful Bulgarian woman, I have the chance to meet Felipa an English traveler, social assistant in prison, which on her thirties has decided to change his life. Her project in mind, to set an organic farm, she visited several places in Europe: Turkey, Greece, France and now Bulgaria. She tells me about all these enthusiastic people who had taught her to take care of the camels, to milk cows or birth the llamas.Pip is a phenomenon, one of these rich meetings which contrast with the young tourists who run from capital to capital, confident in their modes of life. A moment I envy them their certitudes at the limit of the arrogance and then I enjoy my holiday time waiting for the shipment: I write, I dream, I drowsing, I read ...