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à travers terre / overland
5 août 2014

Mardi 5 Août- train de Belgrade à Sofia puis Varna

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Les jours ne se découpent plus vraiment d'un matin à un soir mais plutôt d'un train à un autre. Désormais je ne sais plus lire l'écriture des panneaux et déjà les gens ne parlent plus anglais. Au guichet on s'affole que je puisse ne pas avoir prévu des semaines à l'avance mes trajets, pourtant il y a toujours une place dans le train, un lit dans l'hôtel...et je n'en demande pas plus. D'ailleurs je ne mentionne plus ma destination finale, trop de regards incrédules ou affolés ont accueilli ma réponse.


Depuis mon wagon très ordinaire, la morne plaine de Hongrie se déroule puis celle de Serbie. Horizon plat, fermes en ruines, peu d'arbres ou de forêt, seuls les maïs ou les tournesols ondulent. J'imagine les armées saccageant le territoire devenu si triste.
Dans le train, on s'installe comme on peut mais on garde ses bagages près de soi ; les trognes se font davantage brigandes. La police signale les frontières et cette fois elles sont réelles : passeports, ordres aboyés, attente interminable, zones blanches entre deux pays, certains passagers doivent passer à pied, des barbelés... zones presque inquiétantes où le corps se crispe, aux aguets.
Le train couchette qui part de Belgrade réunit lui, de jeunes voyageurs européens dans une ambiance de colonie de vacances. Ils parcourent l'Europe à coup de ticket Interail Pass et s'échangent leurs impressions d'ici et d'ailleurs. Trois espagnols à la poursuite des gypsies, quatres anglaises à l'accent arrogant, deux allemands en pleine adolescence excitée...une véritable arche de Noé qui pue des pieds à l'arrivée !


Sofia, la gare, gros bloc de béton datant de l'aire communiste dont on ne sait s'il se construit ou se délite. Je n'ai pas anticipé le changement d'heure, je vois mon prochain train s'éloigner sur le quai...
C'est donc trois heures d'attente à la gare de Sofia, essayant de déchiffrer l'alphabet d'ici, mes classes de grec avec ma mère m'aidant à 20 ans d'intervalle. Dans le dénuement qu'impose tout voyage, le moindre café devient du luxe, les moindres toilettes propres un confort inégalé.
Tandis que les locomotives font leur ballet dans la gare et que les passagers en retard hèlent le train en traversant allègrement les voies, j'embarque avec Christina, sa mère aveugle et son chat muselé. En partance vers Varna, port bulgare sur la mer Noire.
Les paysages des montagnes dans les Balkans sont à couper le souffle : défilé aride entre de gros blocs calcaires, riviere tempétueuse qui aligne de grands peupliers argentés sur sa berge, grottes habitées en hauteurs inaccessibles. Je remercie cette beauté car les humains rencontrés et leurs habitats me paraissent plein de laideur vulgaire. Aucun élan humaniste de ma part, je fuis meme...Gros bulgares émechés, petits roms nerveux, femmes baleines échouées dans les compartiments.

Le voyage m'apprend à me délester peu à peu de mes identités de surface. Apres tout, qui suis-je moi, dans ce wagon sans pouvoir communiquer...vagabonde sans abri. Mon seul appui, et de taille, c'est cette liasse au fond de ma poche.

J'arrive à Varna à la nuit tombante, émerveillée par le ciel rouge qui parfait le décor industriel de ce port de containers et de grues alignées au port. Christina hume avec plaisir l'air salin de la mer, elle pousse des onomatopées joyeuses, me rappelant la petite japonaise d'un film de Myazaki. D'ailleurs, le quai du train ressemble à une scène de dessin animé et je ne serais pas étonnée de croiser quelques fantomes de capitaines égarés. Pas de fantomes mais des anges pour me guider, pauvre étrangère n'ayant ni la langue ni la monnaie d'ici. J'avais réservé une place dans un dortoir par internet, il se trouve à plus de 15km du centre, dans un trou perdu mais finallement atteint. Petite maison jaune accrochée au flanc de la mer qui s'étale magnifique devant la terrasse sous la treille. Je suis arrivée à la pointe Est des Balkans. En face, le Caucase !

 

Days aren't anymore separated from morning to evening but rather from a train to another one. From now on, I don't know how to read the signs in cyrillic and people don't speak anymore English. In the counter, they get into panic that I didn't have planned my route weeks in advance...nevertheless there is always one place in the train, one bed in the hotel and I demand nothing else. I do not mention any more my final destination, too many unbelieving or terrified looks welcomed my answer.From my very basic train, monotonous plains of Hungary then Serbia take place. Flat horizon, ruined farms, very few trees or forest, only corns or sunflowers wave. I imagine the armies plundering this sad territory.
In the train, we settle down as we can but we keep our luggage near us; faces became more brigands. The police indicates the borders and this time they are real: passports, barked orders, endless wait, blank zones between two countries, certain passengers have to walk on.
The sleeper train which leaves Belgrade gathers young European travelers in an atmosphere of summer camp. They browse Europe in fast tickets from capital to capital.The railways station of Sofia is a big concrete block dating from the communist era, and I don't know if it builds itself or splits. I did not anticipate the time change (GMT+3 now) and I see my next train going away on the platform...
So I wait three hours at the station trying to decipher the alphabet, my classes of Greek with my mother helping me 20 years later. In the destitution which imposes any journey, the slightest coffee becomes a luxury, the slightest clean toilet an unequaled comfort.Whereas locomotives make their ballet in the station and late passengers hail the train by crossing cheerfully ways, I embark with Christina, her blind mother and her muzzled cat, towards Varna, Bulgarian port on the Black Sea.
The journey learns me to off-load little by little my surface identities. After all, who am I, in this wagon without being able to communicate... Homeless tramp. My only support, and of size, it is this bundle in my pocket.

I arrive to Varna at nightfall, amazed by the red sky which completes the industrial set of containers and cranes aligned in the port. Christina smells with pleasure the salt air of the sea, she pushes joyful onomatopoeia, reminding me the Japanese girl of Myazaki's movie. Moreover, the quay of the train looks like a stage of a cartoon and I would not be amazed to meet some ghosts of misled captains. No ghosts but angels to guide me till a little yellow house in front of the sea, 15km away from the centre. I love this quiet place. I'm on the Eastern point of Balkans, in front the Kaukas !

 

 

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