Dimanche 7 Septembre - vallée d'Altyn Arashan

Le lieu où je me trouve en fin de journée est féérique. L'usage de superlatif est indispensable ici tant la Nature est belle. Petites cabanes et quelques yourtes dans la vallée de l'Arashan, ruisseau qui bondit depuis les neiges et qui s'élargit un peu à l'altitude 3000. Les sommets autour de nous sont tous majestueux mais celui qui domine est tout blanc, grande dent royale qui se nomme Palatka et trône à 4260 m. Les pins sur le flanc ouest colonisent peu à peu les hauteurs et toutes infractuosités un peu protégées.  La nuit dernière a soupoudré de sucre les pics en dentelle. Mon regard où qu'il se tourne, ne découvre que des images de carte postale idéale, même dans la vallée où les fleurs et les rochers ferreux ajoutent leur couleur rouille. Ce que l'oeil ne voit pas mais que le corps a goûté auparavant, c'est ce qu'une des huttes renferme : une source d'eau chaude. A la japonaise, je me suis offerte un bain prolongé dans l'ombre de la cahute, température 42°. C'est bon après l'effort. Il m'a fallu quatre heures pour atteindre la halte du soir, de la persévérance pour marcher seule et sans indication, et surtout une dose d'humeur parieuse car ce matin des trombes d'eau ont failli annuler mon départ. Les prévisions météo annonçaient même de la neige, tempête demain et -2° la nuit. Puis à 10 heures, je lève la tête, le vacarme de la pluie tambourinant sur le toit de tôle s'éteint, je me décide au quart de tour et suis partie pour l'aventure en altitude ! Il a fait beau toute la journée mais au soir je retrouve plusieurs randonneurs qui ont du patienter que le temps soit plus clément. Tempête et neige hier soir.
J'arrive sans vraiment savoir si je peux continuer le lendemain vers le lac Ala-Köl, impressionnée par l'équipement de ceux que je croise. Pourtant la chance me sourit, une paire de chaussures à ma taille m'attend et des encouragements pour un chemin dur mais pas infaisable. C'est donc le but du lendemain, un joli lac difficile d'accès par un col à 3860 m après 5 heures de marche et le retour à Altyn Arashan le soir même en 4 heures.

L'ambiance au chalet est chaleureuse, menée par notre hôte russe Valentin. Nous partageons le dîner dans les récits du groupe qui s'est perdu dans la vallée, ceux qui partent en longue randonnée de 5 à 6 jours, ceux qui font un voyage au long cours... Des allemands, des danois dont un des garçons connaît Torkil et Uma d'Auroville (!) des japonais et deux français avec qui on boit vodka et vin cuit. Les étoiles se sont allumées dans la montagne tandis que rires et éclats de voix résonnent encore autour de la table.