>> Monsoon 02

>> Monsoon 02

Si je croyais que la mousson venait du ciel, j’avais tort.
Bien sûr, je me surprend encore au matin à lever les yeux aux cieux mais mon regard de novice indienne ne sait encore distinguer le nuage sans pluie du nuage avec.
Dans le doute, je m’équipe pour la journée du ciré et du pantalon K-Way. Pourtant la mousson ne se vit non pas à la verticale, des gouttes qui tombent d’en haut sur les fourmis qui s’agitent en bas, mais à l’horizontale, au sol, à terre.
Le chemin devient boue, gadoue, bouillasse…de quoi régaler la petite fille encore en moi qui s’empressait à chaque flaque d’y plonger ses doits à la recherche de l’argile si douce, si malléable. Ici, lorsque le pneu faiblit et s’enfonce dans l’ornière rouge, le pied parfois en douce s’arrange pour le seconder et s’offrir un délice boueux. Les ongles ensuite gardent la trace latérite.
Voilà déjà 200 millimètres que la terre a absorbé au mois de novembre, 380 en octobre, les pluies sont au rendez-vous cette année, dans ce pays si dépendant de l’eau du ciel. Pas étonnant alors que le sol d’habitude si dur à travailler, se laisse piocher et trifouiller dans tous les sens. Ici une tranchée, là une route, on s’empresse, on creuse, on ne sait quand le gâteau sera rassis, alors on tranche.
Là-bas aussi, on fait des trous, ceux de mes plantations. Je travaille à la création d’une nouvelle entrée pour les visiteurs, et tandis que le plan est à peine achevé, les arbres sont déjà en train d’étendre leurs racines dans le sol tendre.
Il nous faut encore 300 millimètres d’eau en décembre pour atteindre la moyenne annuelle. Et vive les jours de pluie !
Mimi Cracra.