Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
à travers terre / overland
27 novembre 2006

>> Petits Riens

PetitsRiens

>> Petits Riens

Quand on rentre de vacances, s’ajoutent aux foules numériques des photos, des Petits Riens qui n’ont presque aucune consistance, presque aucune réalité dans le temps, presque aucune existence en soi. Ce sont des poésies si menues qu’elles ne sont jamais contées.
Et pourtant ce sont ceux-là, ces Petits, qui ont fait le goût de l’instant, ce fût la seconde non fixée qui créat l’élan des minutes suivantes.
Au retour, lorsque l’éveil est moins sollicité, ces Petits Riens sont vite exclus du disque dur, et reléguées de la mémoire vive vers la corbeille à effacer les souvenirs non valables. Il faut de la place pour les jours à venir !
C’est dans l’urgence qu’il faut les appeler, les dire, les prononcer pour une fois encore les faire revivre, les faire vivre. J’en suis là, de retour de Varanasi, et déjà replongée dans le vert mousson d’Auroville, il me suffit de les conduire vers l’air, ces Petits Riens doucement en bulles évanescentes pour qu’ils éclatent au grand jour.

Le fil s’accroche sur la terrasse, le serveur l’attrape, oublie son service et fasciné, lève le nez au ciel. Le cerf-volant qu’il guide est parti en guerre contre ceux de ses voisins qui ont pris le vent du Gange, celui qui le fait ressembler aux plages de Dieppe.

L’heure entre chien et loup à Varanasi est celle des singes, des petits macaques bruns agressifs. L’heure entre singe et singe donc, les voit s’agiter en bandes rigolardes sur les cordes, les branches et les corniches. Rigolard aussi le mâle qui s’installe au-dessus des tables du restaurant et déchiquette une poubelle. Attaque à coup de paquets de cigarettes vides, de pelures d’oranges, de bouts de plastique. Retraite des dîneurs, le singe gagne sur l’homme !

La nuit, le petit matin, le ghât, le lampadaire qui encore éclaire la scène, le bord de l’eau, le Gange, et le cadavre blanc et gonflé d’un hindou malchanceux qui flotte obscène et terrifiant entre deux barques, si près du monde des vivants. Hier, c’était un homme.

Sur le quai, un garçon nous bouscule, il court la tête en l’air. Seules ses jambes connaissent le terrain, les marches à sauter, les flaques à éviter, et si proche le fleuve qui pourrait l’emporter. Ses yeux s’alarment, ses gestes s’activent, ses mains tentent de récupérer le fil. Trop tard, le cerf-volant plonge la tête en mer, direct, sans un instant toiser son propriétaire.

Trois gamines et une envie irrésistible, celle des enfants, de jouer. Une barrière, un bout de bois, un tissu, elles en font une balançoire reconvertible en une, trois, six, douze places. Un, trois, six, douze mômes rient en bas. D’en haut, un touriste canadien se rappelle le jeu dans son village d’enfance.

Ploc, ploc, ploc, font les Petits Riens en éclatant dans l’atmosphère…

PetitsRiens1 PetitsRiens2 PetitsRiens3 PetitsRiens4 PetitsRiens5

Publicité
Publicité
Commentaires
à travers terre / overland
Publicité
à travers terre / overland
Archives
Publicité