>> Le parapluie oublié
Le parapluie oublié sur la clôture du cerisier n'est pas celui que l'on croit.
Celui d'un citadin trop pressé, trop stressé
Qui trottine, rapide, après sa vie de fourmi.
Costume noir au milieu de costumes noirs,
Oublieux de son ombrelle,
perdue à jamais sur l'esplanade urbaine.
Des rossignols électroniques répètent sans faiblir
Leurs chants de printemps à l'hypothétique non-voyant.
Que nenni !
Ce serait faire affront au Nippon !
Ce joli parapluie, tout en transparence, reste là car il l'a choisi.
Emplacement idéal pour jouer pleinement son rôle : servir.
Servir à qui veut, ou plutôt à qui aura besoin
Lorsque l'averse viendra rafraîchir les premiers jours ensoleillés.
L'objet léger, laissé libre, sans laisse, sans propriétaire est un voyageur aléatoire,
A l'itinéraire en pointillé, heureux de n'appartenir à personne
Et d'être emporté par quiconque le regarde à la hauteur de toute sa valeur.
Longue silhouette distinguée, guindée de plastique classique,
Il n'est pas seul dans la grande armée de serviteurs volontaires dispersée à travers tout le pays de pluie.
Pour un peu, on le verrait se courber, digne,
A la fin de chaque service en murmurant 'Aligato Konishiwa...'